1 an sur Kadoran : Transat, Açores et retour



Le 15 mai 2011 ns avons quitté la marina de Fort Louis à St Martin pour l'île de Flores. Afin de ns assurer un maximum de sécurité, nous avons eu recours à un routeur professionnel, searoute, qui nous a envoyé tous les jours un résumé des fichiers météo plus complet que ce que nous aurions pu prendre nous même avec l'iridium. Nous avons opté pour l'orthodromie, route directe, mais ne savions pas ce qui nous attendait...


En effet, après quelques jours de temps maussade, de nombreux grains dont un blanc redoutable, nous avons eu une belle journée, avec de petits airs sympa. Ouf. Mais non, le routeur nous annonce une tempête et nous ne savons pas comment l'éviter : aucune échappatoire. La seule solution semble de pousser un maximum pour passer devant elle. Nous mettons donc voiles et moteur pendant 2 jours, pour naviguer à 8nds de moyenne, avant de trouver des vents forts allant jusqu'à 40 nds: 3 ris, le foc enroulé, Kadoran affronte bravement ces éléments, au près, bien évidemment. La vie à bord est difficile car tout penche affreusement.

Nous vivons harnachés, même pour dormir lorsque nous sommes de quart.


Nous prenons si souvent des ris que nous décidons de ferler le lazy bag pour voir ce que nous faisons.

Dehors, la mer se déchaîne, mais dans des proportions acceptables. 12 heures derrière nous, des vagues de 6 m déferlent joyeusement. Nous avons eu de la chance de préserver le bateau, car à Flores, sont arrivés 2 voiliers démâtés. 
12 jours plus tard, plus de vent, nous approchons de l'anticyclone et de ses ciels grisouilles.

Nous sommes à 3 jours de Flores et avons pour 2 jours de fuel. Nous décidons d'en utiliser la moitié et de nous laisser porter ensuite sur 80 miles avec le vent que nous trouverons, avant de terminer au moteur. Au fil de l'eau, à 3-4 nds, nous voyons de belles méduses, portées par leurs voiles, beaucoup plus dangereuses qu'il n'y paraît.


et des dauphins, de nouveau joueurs, à l'inverse de ceux des Antilles.

Robin verra même un énorme rorqual, à 20 m du bateau que nous avons dû déranger et qui plongera avant que l'appareil photo ne soit prêt.
En Guadeloupe, nous avons changé de VHF et acquis le système AIS qui permet de détecter les cargos, leurs cap et vitesse, ainsi qu'une éventuelle distance de collision.

Magnifique engin qui nous a permis de bien dormir, même pendant nos quarts. Des copains de ponton nous ont donné l'idée de faire deux quarts de 6h la journée, et 3 quarts de 4h la nuit, afin de faire un tournus. Nous avons bcp apprécié cette façon de vivre la transat.
Après quelques heures de navigation lente, nous  croisons 2 bateaux hollandais qui nous proposent de nous donner 40lt de fuel. Bien sympa, comme nous allons au même endroit, nous  naviguons donc  de conserve.

Le décalage horaire nous permet de vivre de plus longues soirées et un  magnifique coucher de soleil que nous apprécions à sa juste valeur. C'est peu en 15j.

Le 30 au matin, nous apercevons Flores.

Nous pensions mouiller dans la baie de Lajes mais découvrons une toute nouvelle marina, encore gratuite car sans eau ni électricité au ponton, et un groupe de rescapés de la transat bien sympas, et solidaires. Nous sommes accueillis par plusieurs marins qui prennent les aussières et tiennent le bateau. Super chouette après un si rude trajet. Heureuse idée car ceux qui sont restés dehors ont été secoués dans tous les sens par les forts vents de SE et le ressac.

Ici, Christian donne ses ordres pour son départ sur Horta, car son bateau est trop gros pour sortir tout seul de la place.
Pendant notre voyage, nous avons souvent trouvé Kadoran trop petit: pas assez de place de rangement, où mettre un groupe, un chauffage, nous aimerions 3 cabines. A Flores, une vraie communauté d'OVNI (5 voiliers sur une trentaine)  nous fait rêver d'un 45 pieds. Nous les visitons et posons plein de questions, de quoi mettre le projet en gestation.

Notre voisine de ponton, navigatrice solitaire qui boucle son deuxième tour du monde, suivie par son mari, également solitaire, sur un plus petit bateau.


La petite ville de Lajes est bien jolie, avec son église

et son phare.

Nous louons une voiture pour quelques jours. D'abord, la côte sud est:

puis la capitale, Sta Cruz, décevante à part son église.

Nous traversons l'île par les collines,

 croisons vaches et hortensias, ces derniers malheureusement pas encore en fleurs.


La réputation de Flores est la couleur jaune, en raisons de ces fleurs qui bordent des routes.

Puis arrivée aux  lacs, également réputés pour leur couleur.

La pureté de l'air se voit aux nombreux lichens,



et celle de l'eau  aux nombreuses cascades.
non loin de la ville de Fazenda et de ses cultures en terrasses.
Cela nous conduit sur la côte Nord ouest,
ses maisons de pierre
et ses roches de basalte.
Robin n'a pas fait le deuil de son azalée, plantée chez Yves car trop grosse pour Chernex, et veut en cueillir une nouvelle. Comme nous ne trouvons pas de petite plante, nous essayons les boutures. Robin cueille des branches fleuries et ramasse de la terre et nous empotons tout ça. Nous ne savons pas si ça marchera, mais nous avons un splendide pot fleuri dans le carré.
Sur les routes, nous croisons des milliers de lapinous, véritable infestation.
Un autre jour, nous partons vers le Nord et croisons un paysan du moyen âge.

Après une semaine de repos, nous partons le lundi 6 juin à 09h30. Drôle d'anniversaire pour Robin.
Comme à l'accoutumée, le vent n'en fait qu'à sa tête et au lieu d'adonner, il nous emmène 30° trop au N.
Heureusement, l'adonnante vient vers 20h et la nuit nous redonne le bon cap. Au matin,  nous apercevons d'abord l'île de Faial, puis celle de Pico, et enfin nous passons entre Graciosa et Sao George, avec le magnifique Pico derrière.
Dans l'après-midi, nous apercevons l'île de Terceira, notre destination.
Les côtes ressemblent un peu au Lavaux

Vers 18h, nous arrivons à Angra
et nous amarrons Kadoran dans la petite marina, au coeur de la ville, avec vue sur la spendide église et le palais Bettencourt.

Balade dans les petites rues.


Nous pensions rester là une quinzaine de jours, pour assister aux touradas a la corda et aux fêtes de la mi juin. Nous sommes restés 3 semaines magnifiques à profiter des fêtes de la St Jean, un peu difficiles pour moi en raison de mes douleurs de dos et de la difficulté à rester debout. Les copains rencontrés à Flores étaient également là et nous avons passé de bons moments avec Laurent et Shuin, Christian et Martine, John et Lara les écossais, Pat, Charly et Louise les canadiens, puis les québecois Michel et Martine et leur bateau " la forêt d'eau", enfin Gaby et Thomas, nos compatriotes balois bien sympas. Défilés, restos et apéros, c'était la fête tous les soirs. Avec plus de 200 touradas par  an, Terceira a le culte du taureau.Voici quelques photos d'une tourada dans le port d'Angra.

Le taureau s'en donne à coeur joie et saute sur tout ce qui bouge.
Puis nous avons assisté à une corrida portuguaise, sans tuer le taureau, mais assez cruelle quand même car un des taureaux a été décorné en tapant contre une paroi et le cheval gris, de droite sur la photo, est mort sous nos yeux d'une crise cardiaque. Nous sommes ressortis de là tout retournés, même si ces événements sont exceptionnels.
Une autre tourada dans la rue, les jeunes s'entraînent et rêvent d'être toréadors. Ceci dit, il vaux mieux ne pas être trop près.
Après les touradas et les corridas, les taureaux retournent dans leurs prés.

Voici la statue qui orne le rond point devant l'arêne, preuve du culte rendu à cet animal par les habitants de l'île.


Avec une voiture, nous faisons le tour de l'île. D'abord la côte sud de Terceira,
puis le centre, avec  descente au fond du volcan. Les roches ont un côté artistique certain.
Il y a des fumerolles à l'extérieur, preuve que toutes ces îles sont potentiellement actives.

Nous partons ensuite pour Sao George et la petite marina de Velas, tenue par le sympathique José, aux petits soins pour ses navigateurs, presque 24h sur 24.
C'est l'île que nous avons préférée, au niveau des émotions qu'elle a suscitées en nous. Pistes rouges, magnifiques pâturages et bétail, hortensias et vue sur le Pico.

La pointe NW de l'île, réserve marine et ornithologique.
Au sud est, nous admirons la lave et les arbres fleuris, puis
un joli village de la côte sud et les pêcheurs du coin.

La côte N et ses fajas, affaissements qui avanchent sur la mer.
Nous y descendons pour faire une excursion vers ce village à 1h de marche, atteignable à pieds ou en quad. Partout, nous trouvons du bon café et la pause galao et cigarette s'impose.
 Retour sur la route principale et visite de la plus jolie église de l'île.

De retour à Velas, nous assistons à une régate de baleinières en 2 étapes. Pico Velas le samedi et retour le dimanche. Au matin, les équipiers mettent à l'eau
avant de hisser les  voiles
et se préparer au départ. C'est avec ces barques que les pêcheurs d'autrefois chassaient la baleine.

Après un semaine de beau temps, nous décidons de partir pour Horta, sur l'île de Faial.
Une petite journée de nav, au près, avec de jolis airs et  rencontre avec un groupe de baleines, (trop loin pour que les photos donnent quelque chose.)

Nous obtenons une place dans la nouvelle marina, au milieu des peintures murales, traditionnelles et mythiques ici.
Robin profite pour rafraîchir et adapter celle de Kadoran réalisée en 2007.

Nous nous rendons bien évidemment au café Peter sport, toujours aussi sympa et meilleur resto du coin. Ici, Robin avec le patron José.
Sur Faial se trouve le plus grand cratère des Açores et c'est vraiment impressionnant de le contempler à 900 m. d'altitude.
En redescendant par la piste, nous admirons les contrastes.


Un autre phénomère remarquable sur cette île est le volcan qui a surgi en 1957, à la pointe de l'île.
Sur Faial, comme à Sao George il y a aussi de belles pistes et de jolies fleurs.

Sur les plages, en plein mois de juillet, ce n'est pas franchement la foule, bien que l'eau ait une vingtaine de degrés.
Nous profitons de la proximité de l'île de Pico pour nous y rendre avec le ferry local. Une demi heure de trajet  pour 3 euros, c'est économique et reposant.
Là notre voiture de location nous attend. Pico est l'île du vin (Curral Atlantis et Terras de lava, excellents)...

et des baleines. Les postes d'observation de vigies sont encore là
et deux musées intéressants nous expliquent ce métier maintenant disparu. On trouve de vraies oeuvres d'art gravées sur les dents de cachalot.

Photo prise au musée de la pêche d'autrefois.

La côte nord a gardé des villages de basalte, tout noirs.
Pour visiter, nous empruntons la route d'altitude qui longe le Pico.



Il est temps de redescendre vers Magdalena et notre ferry. Vue sur Faial.

Après une semaine à Horta, nous partons pour l'île de Sao Miguel où nous rejoindra Catherine.
Nous testons une nouvelle configuration de voiles : genacker et génois tangonné : très efficace au portant, plus stables et plus sûrs que le spi par 18-20 noeuds apparents.
Nous retrouvons avec plaisir nos amis les dauphins.

Après 24 h de nav, nous arrivons à Ponta Delgada et sa nouvelle marina au coeur de la ville.
Nous retrouvons avec plaisir nos amis québecois Michel et Martine avec lesquels nous "jasons" volontiers sur les pontons.
Catherine est arrivée et nous nous apprêtons à visiter l'île.  Nous commençons par 7 cidades et ses somptueux lacs.
Une ballade sur la crête nous immerge dans les hortensias et les oiseaux.

A pied, nous longeons le lac vert pour un sympathique pic nic.
Un autre jour, nous visitons une fabrique de céramique et admirons la dextérité des artisanes.
3 minutes pour monter un pot parfait, qui sera ensuite peint avec des motifs bleus. Peu de choses ont changé depuis un siècle.
Nous nous arrêtons ensuite dans un sympathique village de pêcheurs qui reviennent justement
pour vendre leur poisson.
Nous continuons sur l'église de notra Segnora de Estrella, bel édifice aux azuleros qui dépeignent la passion du Christ.
La promenade continue vers Furnas et son lac dont nous faisons le tour.
Le guide parle de repas cuits dans les caldeiras, mais nous ne voyons personne disposé à nous vendre quoi que ce soit et devons nous contenter du marchand de fruits.
Cette belle propriété au bord du lac ne nous laisse pas indifférents.
Dans la ville de Furnas, se trouvent des termes et d'imposantes caldeiras,


ainsi que de jolis moulins.
Nous continuons sur le nord de l'île et découvrons les lieux touristiques :
Cascades et jardins, et même un endroit où Robin se procure, à sa façon, une nouvelle azalée.
A la pointe nord est, arrivée dans la jolie petite ville de Nordest
et ses arbres originaux.
Au retour, Catherine attire notre attention sur une magnifique allée de platanes bordés d'hortensias et nous  dévions de notre route pour la suivre.
Elle est si belle que nous la faisons dans les 2 sens.
Puis, la pluie nous donne un arc en ciel que nous photographions à tour de rôle : celui de Fanou
et de Robin.
Dans les belles choses à voir sur Sao Miguel, la caldeira vela, cascade d'eau chaude (pas tant que ça ce jour là),
(où nous picniquons d'un poulet grillé),
les fabriques de thé de Formosa

ainsi que celle de Chà Gorreana que nous visitons en fonctionnement.
Les deux fabriques produisent du thé artisanalement : orange pikoe (la jeune feuille), pikoe ( la seconde), et broken leaf (la base de la feuille), ainsi que du thé vert pour Gorreanna. Ce sont les uniques fabriques de thé d'Europe.
Nous nous sommes aussi rendus au lagoa de Fogo, qui est également un cratère.
et près de l'ancienne source d'eau minérale et son eau ferrugineuse.

A la marina de Ponta Delgada, nous avons retrouvé nos copains vaudois Barbara et Thierry Courvoisier, partis un an avant nous de Norvège pour les Antilles et revenus chercher leur voilier hiverné à Angra. Apéros bien sympas entre marins et étude de la météo pour la traversée sur la Corogne avec leur équipière Manon. Départ prévu le 30 juillet.
Le 30 juillet, nous partons pour La Corogne, par petit temps. Comme nous n'avons pas caréné Kadoran, nous perdons un noeud: Robin se met à l'eau a en plein Atlantique mais il n'y a pas suffisamment d'algues pour qu'il prenne le risque de rester une heure dans l'eau.


 A part un bon grain, la traversée se fait sans histoire en 6 jours.
Nous arrivons de nuit à La Corogne, après nous être fait contrôler par des douaniers zélés.

Nous découvrons la Corogne et sa bonne cuisine avec plaisir, ainsi que nos amis Courvoisier et profitons de la jolie marina en plein centre ville.
Nous y passons une semaine, avec petit café sur la place Maria Pita


Nous apprécions l'aquarium et ses pieuvres si expressives,
le plus grand marché de poissons que nous connaissions
et nous profitons de visiter St Jacques de Compostelle  en train.



Nous appareillons une semaine plus tard pour Gijon, jolie petit ville celte,
avant de traverser sur l'île d'Yeu: En route, nous croisons un impressionnant rorqual commun.

A la marina de port Joinville, nous sommes amarrés en face de Joshua, le mythique voilier de Bernard Moitessier, récupéré par une association de La Rochelle et remis à neuf. 
C'est très émouvant pour nous qui avons lu la longue route.


Nous passons quelques jours sur cette jolie petite île



et avons de la peine à nous acclimater à la foule des aoûtiens et aux prix de l'Europe estivale en haute saison. Le 24 août, nous appareillons pour Arzal par une belle journée ensoleillée et  arrivons à l'écluse à 18h.
Il y a du monde et c'est un peu chaud.

Après quelques miles sur la Vilaine, Kadoran retrouve son port d'attache.




Nous passons 2 jours à La Roche et prenons le train pour Chernex le vendredi 26 août: Nous reviendrons hiverner Kadoran dans un mois. C'est avec bonheur que nous retrouvons notre appartement et la magnifique vue dont nous jouissons de notre terrasse.

Fin du blog et de l'épopée 2010-2011. 

Comme nous avons décidé de garder Kadoran, nous projetons de repartir l'été prochain pour le Maroc, afin de l'hiverner hors des eaux européennes, avant de poursuivre en 2013 et 2014 en Méditerrannée.